- Qu'est-ce que c'est que cette odeur dans la cuisine, les enfants ?
Quand Mariette travaille le mercredi, les enfants sont un peu livrés à eux-mêmes.
- Ben on a fait cuire des champignons.
Burp passe de  temps à autre pour vérifier si tout se passe bien. Elle est sympa Mariette.
- Vous avez ouvert une grosse boîte on dirait ?
- Non non, c'est des champignons qu'on a ramassé dans le petit bois, avec Paul, un copain de l'école. Paul il a un livre là-dessus mais là il ne l'avait pas, mais il a eu un cours en classe cette semaine sur les mycoses. Donc il s'y connaît vachement.
- Dites-moi, ils étaient comment ces champignons ?
- Très très beaux mais on les a bien nettoyés, on a enlevé toutes les petites tâches blanches, puis on les a coupés en petits morceaux.
- Comment ça les petites tâches blanches ?
- Paul il a dit que si on épluche bien les champignons, ils sont forcément bons. Alors on a bien retiré tout le rouge sur le chapeau et les petites tâches blanches aussi.
- !!!
- C'est comme tous les légumes, c'est pareil, il faut enlever la peau et après c'est plus digeste. Alors on a fait pareil.
- Oula, mais vous les avez mangés quand ces champignons ?
- Non, tu vas nous gronder !
- Mais noooon ! dis-moi vite !
- Ben, en fait, on a joué à MagicPanic pendant que ça cuisait, et puis quand on a fini le dixième niveau, c'était tout brûlé.
- Et vous en avez fait quoi de ces champignons ?
- Ben, on les a donnés au chien de Paul.
- Et il a tout mangé ?
- Non, il en a même pas voulu. C'est pas un chien à champignon, il a dit Paul.
- Et c'est quoi ce MagicPanic alors ?
- Un jeu super à la console, mais on est arrivés au dernier niveau. Dis, Burp, tu ne diras rien à Maman ?
- A condition de ne plus jamais aller ramasser n'importe  quels champignons, avec Paul ou sans Paul, c'est bien compris ?
- Bon, si tu veux !
- Et il y a une suite à ce MagicPanic ? s'affala Burp sur une chaise devenue toute rouge tout en s'épongeant la tête avec la nappe blanche...

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Burp se rend à l'hôpital pour un bilan de contrôle.
Il a l'air accueillant cet hosto. On dirait qu'il vient d'être refait.
- Le service du Dr Bloudy, s'il vous plait !
- Au fond à droite puis deux fois à gauche et après la passerelle sud c'est tout droit. C'est indiqué de toute façon. Attention, passerelle sud, hein !
- J'ai déjà traversé plusieurs fois la rivière Kwai, ça devrait aller ! se murmura in petto Burp.
Après avoir visité l'ensemble des salles d'opérations de l'aile est, puis le building administratif tout en acier transparent de la partie sud ainsi que les nouveaux locaux de la gériatrie avec leur crématorium à ciel ouvert de la zone ouest, Burp arrive enfin au secrétariat central de l'aile nord.
Une sumo en blouse blanc-gris, permanente rouge assortie à des sabots à trous conçus maison, l'accueille avec une certaine tendresse :
- Z'avez rendez-vous, z'êtes déjà v'nu m'sieur ?
- Rendez-vous : oui, déjà venu : je ne crois pas non
- Ben si vous étiez déjà v'nu, vous vous en rappelleriez en tout cas m'sieur !
- Ah bon, pourquoi ?
- Ben quand on vous met six mètres de tuyau dans le derrière, je peux vous dire que vous en rappelez , m'sieur !
Les gens dans la salle d'attente : - Ah ça c'est sûr qu'on s'en rappelle, hein !
Unanimes. Solidaires. Fiers.

- Ben, z'avez rendez-vous pour quoi alorrrrs, m'sieur !?
- Eh bien, juste pour une analyse de sang
- Ben c'est pas là, les prises de sang, m'sieur ! Si on vous branchait six mètres de tuyaux juste pour vous faire une prise de sang, vous seriez complètement à sec, vous vous en rappelleriez m'sieur !
Les gens dans la salle d'attente  : - Ah, ça c'est sûr hein, il serait complètement à sec, hein ! il pourrait s'en rappeler, hein !
Unanimes. Dubitatifs. Songeurs.
- Ici c'est la gastro, m'sieurrr ! le sang c'est dans le bâtiment en construction, m'sieurrr !
- Je vais aller voir là-bas alors
- C'est ça allez-y voir là-bas, m'sieurrr !
Puis s'adressant, rouge-vif-sabot, à son public subjugué :
- Mais c'est pas possible, qu'est-ce qu'ils ont tous dans le hum hum aujourd'hui ?!!!?

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La nuit n'en pouvait plus.
Des chiens hurlaient au loin.
Burp décida d'aller voir si ça n'était pas enfin des loups.
Les rues paressaient. Calmes. En fait non.
Des soupirs perceptibles de ferraille fendaient l'obscurité. C'était clair ; on s'activait au fond de l'impasse.
En effet, une horde d'ados encapuchonnés s'affairaient à démonter une Merco. Une Mercedes classe X qui avait eu l'air classe. Quelques heures auparavant.
Burp s'avança. Lentement. Sans bruit. Son portable à la main. Et se posta devant la bande de mécanos en herbe. En beuh de travail même.
- Alors les jeunes, ça bricole ?
- Attention, il appelle les keufs ! Vite, on s'casse !  vociféra en chœur et a capella la sémillante meute de cancrelats.
- Mais non, ne bougez pas les petits gars ! Je voulais juste faire une jolie photo souvenir !

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Burp n'en croyait pas ses yeux.
Il y avait là, un gars accroupi, le visage dissimulé dans les herbes hautes, le cheveu encore trempé de rosée, qui ratissait le sol à coup de pierre, en jurant comme un forcené.
- Mais pourquoi, diable, écrasez-vous donc ces pauvres escargots ?
- Ils ne sont pas si pauvres. Moi, j'ai jamais eu de maison à moi, moi.

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- Doit-on dire Burp ou Beurp ?
- Tout dépend de ce qu'il vous faudra digérer
- Mais en ce moment ?
- En règle générale, c'est plutôt Beurp !
- Bon alors, salut Burp !
- Vous aussi, salut l'ami !

            
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Pour le héros, sa vie, c'est son élément.
Vassili Golovanov

Ainsi naquit Burp...

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